Noël en petit comité
- Stéphanie DEJEAN

- 18 déc.
- 4 min de lecture

Chaque année, à l’approche de Noël, les mêmes images s’imposent à nous : de grandes tables, des rires, des familles nombreuses réunies autour d’un énorme sapin dans le salon.
Les films, les publicités, les réseaux sociaux racontent tous la même histoire : Noël est un moment de joie partagée, à condition d’être nombreux. Vraiment?
Et si cette vision n’était qu’un idéal, et pas forcément une vérité ?
Dans la réalité, nous sommes nombreux à vivre Noël autrement. En petit comité, parfois même très petit : à deux, ou avec quelques amis choisis.
Et pour certains, sans famille du tout.
Ce constat peut mettre mal à l’aise, et faire naître un sentiment de manque, ou de décalage par rapport au reste du monde. Comme si quelque chose clochait. Comme si nous étions passées à côté de “la vraie version” de Noël.
Mais prenons un instant pour regarder les choses sans détour. Le mythe du Noël parfait, avec les grandes réunions familiales, fait rêver. Mais dans la réalité, ces tablées festives ne sont pas toujours synonymes de douceur et de joie simple. Je suis sûre que vous avez déjà vécu, dans votre entourage ou celui de vos proches, des repas de Noël qui se finissent en disputes, ou, pire encore, envahis de tensions non exprimées qui gâchent la fête.
Car quand les familles sont nombreuses, les dynamiques le sont aussi.
Les attentes implicites.
Les non-dits.
Les tensions anciennes qui ressurgissent au détour d’une remarque ou d’un souvenir.
La charge mentale énorme qui repose souvent sur les mêmes épaules : organiser, prévoir, faire plaisir, gérer les susceptibilités, maintenir une ambiance “festive”.
Derrière les sourires des photos, il y a parfois beaucoup de fatigue, beaucoup d’efforts. Et pas toujours le sentiment d’être vraiment à sa place.
En prendre conscience n’enlève rien à l’amour familial, bien sûr. Cela remet simplement de la vérité là où les images ont pris trop de place.
Être peu nombreux n’est pas un échec
Fêter Noël en petit cercle n’est pas un plan B, parce qu’on n’a pas pu réunir.
Il peut s'agir d'un choix.
Mais cela peut aussi être une réalité imposée par la vie : une famille qui n’est plus là, un conjoint disparu, des liens qui se sont éloignés.
Pour ceux qui vivent un veuvage, cette solitude n'est pas choisie, et l’absence peut être particulièrement douloureuse à cette période. Il ne s’agit pas de minimiser ce que cela représente. Simplement de rappeler qu’être seul ne retire rien à la valeur de ce moment, ni à la légitimité de le vivre à sa manière, aussi sobre soit-elle.
Nous pouvons nous libérer de cette injonction à célébrer en nombre, et simplement apprécier au mieux ce qui est. La magie de Noël peut être présente pour les solitaires, pour ceux qui seront à deux avec un conjoint, avec un ami, avec quelques proches.
D'autant qu’un Noël intime permet autre chose :
plus de présence,
moins de tensions,
moins de bruits extérieurs,
plus d’écoute.
Il n’y a rien à prouver, rien à surjouer, rien à comparer.
La qualité du lien ne se mesure pas au nombre de chaises autour de la table.
Nous pouvons fêter Noël autrement
Il est aussi important de le dire clairement : fêter Noël d'une façon traditionnelle n’est pas un passage obligé.
La société a fait du 24 décembre une sorte de sommet émotionnel annuel.
Une soirée censée condenser la joie, l’amour, la réconciliation et un peu de magie.
Mais l’énergie de fin d’année ne se résume pas à une seule nuit.
Certaines années, nous n’avons ni l’élan, ni l’envie, ni l’énergie nécessaire. Et c’est parfaitement respectable. Il est possible de vivre cette période autrement :
Plus doucement.
Plus étalée.
En se reliant jour après jour à ce que la fin de l’année invite naturellement à faire : ralentir, trier, intégrer, fermer des cycles.
Le solstice d’hiver : une autre vision de cette période
Le solstice d’hiver, le 21 décembre, marque le moment où la nuit est la plus longue. Puis, presque imperceptiblement, la lumière commence à revenir, plus tôt le matin et plus tard le soir, petit à petit.
Symboliquement, c’est un temps de bascule. Un mouvement discret, mais qui est bel et bien là.
Car la nature, elle, ne célèbre pas dans l’excès.
Elle se replie.
Elle se repose.
Elle prépare la suite dans le silence.
Se relier à cette énergie-là, c’est accepter que tout ne soit pas lumineux, joyeux et expansif. C’est honorer les zones plus calmes, plus intérieures. Celles où rien ne se montre encore, mais où tout se prépare. L’image est belle et nous pouvons nous en inspirer.
Vivre la fin d’année dans cet esprit peut être réconfortant. Pas d’obligation de performance émotionnelle et sociale, pas de décor imposé.
Créer son propre Noël
Il n’existe pas une seule manière de vivre Noël.
Il existe la nôtre. Celle qui respecte notre histoire, nos liens, notre énergie du moment. Celle qui nous apaise au lieu de nous épuiser. Celle qui fait du bien, même si elle ne ressemble pas à celle des films.
Un repas simple.
Une promenade.
Un rituel symbolique.
Un moment de silence.
Un échange sincère.
Tout cela compte. Peut-être même davantage.
À la fin, ce qui reste, ce n’est pas le nombre de convives ni la perfection de la soirée.
Ce qui reste, c’est ce que nous avons ressenti.
Et parfois, un Noël en petit comité, vécu en conscience et en vérité, est exactement ce dont nous avions besoin.



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